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SIEM REAP & LES TEMPLES D’ANGKOR

12 au 20 décembre 2010

La ville de Siem Reap, 120 000 habitants, à une dizaine de km des temples d’Angkor, se développe à un rythme d’enfer. Chaque semaine, de nouveaux restos et hôtels, on se demande comment ils font pour tous vivre … et effectivement, la compétition est féroce, il est facile de se loger très confortablement pour pas cher à Siem Reap. Idem pour les transports. Comme à Phnom Penh, la bouffe y est excellente tant occidentale que cambodgienne. Tout cela fait qu’on s’attarde facilement à Siem Reap… nous y resterons 6 jours dont 3 jours de visite aux temples et un au Musée national.
Les Temples d’Angkor, 8e merveille du monde selon plusieurs, constituent en effet un ensemble architectural colossal. Le cœur et l’âme du Cambodge s’y retrouvent, c’est une source d’inspiration et de fierté pour tous les khmers. Encore aujourd’hui un haut lieu de pèlerinage pour tous les cambodgiens, c’est aussi un site touristique incontournable en Asie.

Angkor fut la capitale de l’empire Khmer entre les 9e et 14e siècles, immense empire qui s’étendait du sud Vietnam jusqu’au Yunnan en Chine au nord et à l’ouest jusqu’à la Baie de Bengale. À son apogée au 12e siècle, Angkor comptait près d’un million d’habitants alors qu’à la même époque, Londres en comptait 50 000 ! Tous les bâtiments civils, construits en bois, ont disparu mais les temples ont résisté au temps, puisque seules les demeures des dieux pouvaient être construites en pierre. D’ailleurs quel travail colossal cela a dû être de transporter ces pierres par voie d’eau depuis la carrière située à 50 km de la ville !
À l’exception d’Angkor Wat qui a toujours été actif en temps que temple, les autres monuments de la cité impériale d’Angkor ont été laissés à l’abandon et envahis par la jungle durant plusieurs siècles. En 1351 et 1431, suite au saccage d’Angkor par les Thais, ennemis jurés des Khmers,  la cour khmère a déménagé à Phnom Penh et abandonné Angkor.
Il y a bien eu quelques mentions d’Angkor par des explorateurs du 16e et 17e siècle mais c’est le français Henri Mouhot qui a révélé la grandeur et la splendeur d’Angkor au monde entier dans les années 1860. Depuis les années 1920, plusieurs pays se sont impliqués dans des projets de restauration des temples d’Angkor mais la guerre civile au Cambodge a mis un frein à ces efforts et la jungle a de nouveau envahi le site qui s’étend sur plusieurs dizaines de kilomètres. Les travaux de restauration ont maintenant repris et le Cambodge a des projets très ambitieux de développement autour d’Angkor… probablement une bonne nouvelle pour le commerce local mais peut-être pas aussi positif pour l’authenticité du lieu; l’avenir nous le dira…
Voici donc quelques uns de nos coups de cœurs «angkoriens»…

Angkor Wat
Angkor Wat bien sûr… quoique pas nécessairement notre préféré, c’est le temple le mieux conservé et le plus étendu d’Angkor, d’où sa majesté et sa notoriété. On dit même que c’est la plus vaste structure à caractère religieux au monde ! Dédié à Vishnu, il aurait été construit pour servir de mausolée au roi Suryavarman II en 1152. Surmonté d’une tour de 55 m de haut et entouré d’une douve de 190 m de large qui fait un rectangle de 1,5 km de long x 1,3 km de large, Angkor Wat est tout à fait spectaculaire ! De magnifiques bas-reliefs sculptés tout le long de l’enceinte principale (800 m long) décrit différentes batailles et légendes hindoues.


Détail de la  Terrasse des éléphants d'Angkor Thom

Angkor Thom, la cité fortifiée de 10 km2 nous offre le plus bel ensemble architectural du site. On accède à l’intérieur de ses murs par des portes richement sculptées et précédées de larges allées gardées par des dizaines de dieux d’un côté et de démons de l’autre côté. La Terrasse des éléphants est impressionnante, c’est de là que le roi voyait défiler sa cour et son armée et donnait audience. Mais, pour nous, le clou d’Angkor Thom et peut-être même de tout le site, c’est sans contredit, le temple du Bayon.

7 des 54 visages du Bayon (et Lucie ne compte pas !)
Le Bayon, érigé par le plus grand roi de la dynastie khmère, Jayarvaman VII qui régna de 1181 à 1219, demeure encore une énigme. Il est constitué d’une série de corridors, d’escaliers vertigineux et, par-dessus tout, de 54 tours à 4 faces, chaque face arborant un visage sculpté identique. Les spécialistes s’entendent maintenant pour dire qu’il s’agit du visage du roi Jayarvaman VII, qui s’était autoproclamé dieu ! On pense que les 54 tours représentent les 54 provinces de l’empire khmer de l’époque et que les 4 visages orientés aux 4 points cardinaux symbolisent le roi veillant sur son empire. En tout cas, c’est assez impressionnant de voir tous ces visages se révéler à nos yeux et nous observer au fur et à mesure qu’on s’approche du temple qui, de loin, ressemble à un tas de pierre informe ! Spectacle unique !

Tah Prohm
Le Tah Prohm quant à lui dégage une ambiance étrange… c’est le seul temple qu’on a laissé envahi par la jungle. Ses tours et ses murs effondrés et recouverts d’arbres géant aux racines aériennes nous font imaginer à quoi Angkor devait ressembler lorsque les premiers européens l’ont redécouvert au 19e siècle. Si Angkor Wat et Bayon témoignent du génie des anciens khmers, Tah Prohm, quant à lui, nous rappelle l’incroyable force de la nature.
Banteay Srei
Banteay Srei est un temple hindou dédié à Shiva. Taillé dans une pierre teintée de rose et richement ornementé de sculptures des plus fines, il est considéré par plusieurs comme étant le «joyau» d’Angkor et un des plus beaux exemples de sculpture sur pierre au monde ! Banteay Srei veut dire «Citadelles des femmes»; on dit que ce temple a dû être construit par et pour des femmes car ses sculptures raffinées sont trop délicates pour avoir été faites par un homme ! Un autre coup de cœur assurément !

Enfin, puisqu’il faut donner notre avis quant à l’inévitable comparaison Angkor vs Bagan, nous devons avouer que nous avons un faible pour Bagan, un site mieux conservé, plus vivant et plus chaleureux. Le Angkor du 12e siècle, à l’apogée de l’empire khmer, devait être tout à fait grandiose et magistral… Sans vouloir être négatif, disons que l’état actuel de ces monuments colossaux, des ruines pillées et saccagées, nous a toutefois un peu attristés. Angkor demeure quand même un incontournable. L’ampleur de cette œuvre monumentale mérite toute notre admiration et nous  espérons que les travaux de restauration en cours sauront lui rendre justice et témoigner de toute sa majesté !

PHNOM PENH – CAMBODGE

10 au 12 décembre 2010
Un elephant deambule en pleine ville de Phnom Penh... !
Phnom Penh, 1,3 million d’habitants et capitale du Cambodge, nous a charmés et étonnés. La plupart des voyageurs passent ici rapidement en route pour Siem Reap et les temples d’Angkor et c’est malheureux. Phnom Penh est située au confluent de 3 rivières : Mékong, Tonlé Bassac et Tonlé Sap. Face à notre hôtel, le long de la Tonlé Sap, une large promenade bordée de palmiers nous permet de déambuler tranquillement face aux restos et hôtels du centre-ville mais aussi d’observer le trafic maritime intense ainsi que les locaux qui profitent de l’air un peu plus frais du soir pour jouer au badminton ou faire de la danse aérobique qui ressemble à de la danse en ligne accompagnée de musique américaine ! Et Lucie qui rêvait de voir du Tai Chi !!!
Phnom Penh et les environs ont été le théâtre d’incroyables massacres durant les près de 4 ans qu’a duré le règne de Pol Pot et des Khmers rouges de 1975 à 1979. On estime qu’il y a eu plus de 2 millions de morts durant cette seule période sans compter la guerre civile qui a suivi et duré près de 20 ans. Nous nous sommes bien informés sur ce triste épisode de l’histoire cambodgienne mais nous avons choisi de ne pas visiter les sites tels le camp d’extermination de «Choeung Ek» qui a inspiré le film américain «Killing Fields»; il est déjà assez pénible de voir sans arrêt des gens amputés d’une ou deux jambes, victimes de mines terrestres qui abondent encore de nos jours dans le pays.
Pour revenir sur une note plus joyeuse, disons que Phnom Penh n’a pas oublié l’époque de l’Indochine, du temps qu’elle était colonie française. Partout, des noms de restos et d’hôtels en français qui servent de l’excellente bouffe française et aussi de la baguette… pour notre plus grand bonheur ! Côté fromage, c’est plus limité, on retrouve le plus souvent «La vache qui rit» dans nos assiettes mais nous avons eu quand même droit à quelques bons camemberts ! La bouffe typiquement cambodgienne est aussi excellente ! Quoique que les mets soient souvent parfumés à la citronnelle ou au gingembre, on ne risque pas de se brûler les papilles avec les «hot» chilis qu’on retrouve souvent par surprise dans les assiettes thaïlandaises (même s’ils nous affirment que le plat n’est pas épicé !)
LE PALAIS ROYAL ET LA PAGODE D’ARGENT
Batiment du Palais royal
Le Palais royal et la Pagode d’argent ne sont pas aussi somptueux que ceux de Bangkok mais ils sont quant même très intéressants. Le roi, qu’on dit vieux et seul, occupe toujours le Palais, on ne peut donc pas le visiter mais on a néanmoins accès à la salle du couronnement et aux jardins environnants.

Pagode d'argent de Phnom Penh
La Pagode d’argent abrite, comme à Bangkok, un Bouddha émeraude mais elle est surtout fameuse pour son plancher recouvert de 5000 tuiles d’argent pesant chacune 1 kg. En plus du Bouddha émeraude, on peut y admirer de nombreuses statues de Bouddha dont l’une grandeur nature décorée de 9 584 diamants (le plus gros pèse 25 carats) et une autre en bronze de 80 kg ! Malheureusement, il est interdit de prendre des photos à l’intérieur, on ne pourra donc pas vous les montrer !
MUSÉE NATIONAL
Enfin, nous avons rendu visite au Musée national, question de voir encore quelques Bouddhas et dieux hindous (trop, c’est pas encore assez !) et surtout quelques belles pièces sculptées qui ont été retirées des temples d’Angkor pour les protéger du vol et du vandalisme. En effet, on nous répétera souvent à Angkor que ce sont les Khmers rouges qui ont coupé les têtes des statues pour les revendre sur le marché international à des collectionneurs privés mais il semble que nombre de locaux et d’étrangers ont aussi dévalisé les temples au cours des siècles.
Le musée, un élégant bâtiment en brique de terre cuite, est situé tout près du Palais Royal dans un agréable jardin. Nous y avons passé un bon moment et terminé le tout par une bonne bouffe chez Friends, un resto-école qui vise à aider les enfants de la rue en leur offrant emploi et éducation. Excellente bouffe et service digne des grands restos dans un décor chaleureux. Nous y sommes retournés le lendemain et ce fut tout aussi délicieux !
Phnom Penh, une pause gastronomique bien appréciée ! Nous nous y arrêterons avec plaisir au retour d’Angkor en route pour le Vietnam. 

Pecheurs sur la riviere Tonle Sap
 LA RIVIÈRE ET LE LAC TONLÉ SAP VERS SIEM REAP
Le bateau est le moyen de transport le plus agréable pour voyager entre Phnom Penh et Siem Reap, la ville aux portes d’Angkor. Six heures de pur bonheur, assis sur le toit d’une vedette rapide à observer la vie quotidienne et maritime sur la Tonlé Sap qui défile devant nous. Quelques plus gros bateaux de pêche la sillonnent mais, pour la plupart, il s’agit de pirogues de 5 à 8 mètres motorisées ou non. L’homme et la femme s’occupent de lancer et retirer les filets alors qu’un enfant, parfois très jeune, se charge de faire avancer la pirogue tranquillement. La rivière et le lac sont, par endroit, littéralement couverts de filets de pêche. Là aussi, des villages sur pilotis ou flottants au gré des saisons. Le lac quintuple effectivement sa superficie durant la mousson, sa profondeur passant de 2,2 m en moyenne à plus de 10 m. Le lac Tonlé Sap est le plus grand d’Asie du sud-est; il se décharge dans le Mékong à Phnom Penh via un chenal d’environ 100 km. En période de mousson, le flux de l’eau se renverse et le Mékong remonte dans le Tonlé; les terres ainsi inondées sont des plus fertiles lorsque l’eau se retire à nouveau et on dit du lac Tonlé qu’il est l’un des plus riches en stock de poisson d’eau douce.

CAMBODGE, quelques infos…

C'est le temps de recolter le riz
-          15 millions d’habitants, capitale : Phnom Penh, 1,3 million d’habitants
-          Régime politique : en principe démocratique avec des élections tous les 5 ans mais le CPP (Cambodian People Party) continue de dominer, contrôlant l’armée, tous les niveaux de gouvernement et les médias. Le pays souffre de corruption à grande échelle mais à comparer à l’enfer que les cambodgiens ont connu avec le régime des khmers rouges et la guerre civile qui a suivi, c’est le paradis !
-          Grâce au tourisme généré par Angkor et aussi aux investissements étrangers, la qualité de vie des cambodgiens s’améliore malgré tout.
-          Âge moyen : 22 ans, espérance de vie : 62 ans.
-          96% de la population est d’origine khmère faisant du Cambodge un des pays les plus homogènes de l’Asie du sud-est.
-          Religion : bouddhisme mêlé avec l’hindouisme
-          Traversé par le Mékong, le pays compte aussi sur le lac Tonlé Sap et la rivière du même nom, un affluent du Mékong pour alimenter les rizières; en période de mousson, le Tonlé Sap passe d’une superficie de 3 000 km2 à 13 000 km2.

THAILANDE – BANGKOK

4 au 10 décembre
Entre le Myanmar et le Cambodge, nous décidons de faire une pause de quelques jours en Thaïlande, le temps de mettre à jour notre blog et de visiter la capitale du pays, Bangkok. Nous serons de retour en Thailande à la fin janvier pour une croisière de Voile Passion Soleil à Phuket dans le sud du pays, nous en verrons donc plus un peu plus tard.

Chao Praya à Bangkok
 Après le Myanmar et le Népal, Bangkok, c’est le choc de la ville moderne…7,7 millions d’habitants, gratte-ciels, autoroutes, automobiles neuves, bouffe internationale, hôtels chics, transports bien organisés etc. Notre hôtel est situé dans le vieux Bangkok près des attraits touristiques et historiques de la ville et du Chao Praya, une rivière sur laquelle il est facile et rapide de voyager en bateau.
Il faut préciser que Bangkok est une ville jeune selon les standards asiatiques. C’est dans les années 1780 que le roi Rama décida de déménager sa capitale sur les bords du Chao Phraya pour avoir une meilleure protection et de fonder Bangkok.
Parlant de roi, nous tombons sur la semaine de festivités qui marque le 83e anniversaire du roi actuel. En Thailande, même si le roi ne gouverne plus, il conserve quand même certains pouvoirs politiques et est encore très vénéré et aimé. La serveuse du resto nous dit que «c’est comme un père pour eux, il a été très bon pour le peuple et le pays». Il faut dire que c’est le monarque qui règne depuis le plus longtemps au monde, il est roi depuis 60 ans ! Partout en ville, des grandes photos du roi à tout âge, des fleurs et des banderoles jaunes et blanches, les couleurs royales. Tous les soirs, des défilés, des fanfares et des feux d’artifices !  Toute la ville est en fête, d’autant plus que le roi est maintenant âgé et malade… on craint que sa fin soit proche.

Garuda, créature mi-homme mi-oiseau, gardien des temples
WAT PHRA  KAEW
Le complexe du Wat (temple en thai) Phra Kaew, situé tout à côté du palais royal, abrite une statue d’un Bouddha émeraude, un des plus fameux et vénérés au pays. À notre grande surprise, le fameux Bouddha est tout petit, 35 cm de haut ! Et il paraît encore plus petit, logé dans un temple immense dont l’architecture est d’une richesse exceptionnelle avec ses piliers tout incrustés de minuscules pièces de céramiques toutes plus brillantes les unes que les autres et son toit couvert de tuiles vertes et oranges tout aussi luisantes ! Quel spectacle en plein soleil du midi ! Ce Bouddha est aussi célèbre à cause du voyage épique qu’il a fait à partir du nord de la Thailande. Caché sous une couverture de plâtre durant le transport, il a été néanmoins volé par des laotiens et a séjourné au Laos avant d’être récupéré plus tard par des thais.
Le temple principal est déjà une merveille mais que dire des autres stupas et temples qui l’entourent ! Tout aussi impressionnant ! Encore là, une explosion d’or et de brillance éclate sous nos yeux et nous émerveille. D’immenses statues de garudas, créatures mi-homme mi-oiseau gardiennes des temples, toutes colorées ajoutent une touche de fantaisie à cet ensemble de temples religieux. Il ne faut pas oublier non plus les nombreuses statues d’origine chinoise représentant de riches marchands ou différents animaux qui décorent les allées du comlexe. Très prisées par les thais, elles servaient de plus de lest aux bateaux chinois qui venaient commercer avec la Thailande.
LE GRAND PALAIS ROYAL
Adjacent au Wat Phra Kaew, les bâtiments du Grand palais royal ne sont plus habités par le roi mais servent encore à des cérémonies à caractère royal : audiences, couronnements etc. Autrefois un monde très fermé animé de multiples intrigues, l’ensemble apparaît aujourd’hui un peu sans vie mais l’architecture demeure néanmoins intéressante et nous réserve d’autres belles surprises.
Bouddha couché du Wat Pho, 45 m long !
WAT PHO
Tout près du Wat Phra Kwae, le Wat Pho rafle tous les superlatifs : le plus vieux et le plus grand temple de Bangkok, il date du 16e siècle et abrite la plus grande statue de Bouddha couché du pays. La position du Bouddha couché est fameuse car elle illustre le Bouddha couché sous le banyan et sur le point d’atteindre l’illumination, le nirvana. Rien à voir avec le petit Bouddha émeraude, le Bouddha couché du Wat Pho mesure 46 m de long et 15 m de haut !!! Évidemment tout recouvert de feuilles d’or, il brille sur toute sa longueur et ses plantes de pied sont incrustées de nacre de perle illustrant les 108 caractéristiques de Bouddha.
Wat Arun, magnifiques mosaiques de céramiques

WAT ARUN
Encore un temple… Oui, mais quel temple ! De loin, le Wat Arun, dont la flèche s’élève à 82 m dans le ciel, semble sculpté dans le granit mais quand le soleil le frappe, ses millions de petits carrés de porcelaine brillent de tous leurs feux. Recouvert avec les morceaux de céramique laissés par les bateaux des marchands chinois qui les utilisaient comme lest, le Wat Arun offre tout un spectacle quand on l’examine plus en détail. Les carrés de céramique ne sont pas posés au hasard; ici des fleurs, là des oiseaux, des garudas, partout des tableaux en mosaïques, un travail d’artisan exceptionnel !

Au revoir, Bangkok ! Il reste encore beaucoup à voir et à explorer dans cette mégapole asiatique… nous y reviendrons sûrement, toutes les routes d'Asie passent par Bangkok !

LAC INLE & L’ÉTAT SHAN


Pêcheur Intha sur le lac Inle

  28 novembre au 2 décembre 2010

L’état Shan au nord-est du pays est une vaste étendue sauvage peuplée de groupes rebelles et de seigneurs de la drogue qui vivent dans ses mystérieuses montagnes largement inexplorées et non accessibles aux touristes. Tout au sud du Shan toutefois, le lac Inle nous offre un monde merveilleux : des villages entiers battis sur pilotis, des jardins flottants où abondent les tomates et autres légumes, des monastères et stupas sur ses rives et des centaines, des milliers de bateaux, petits et gros, motorisés ou non. La meilleure façon de bien savourer le lac, c’est de louer un bateau à moteur avec chauffeur et de se balader sur le lac de l’aube jusqu’au crépuscule, à toute heure du jour, c’est magnifique.
Nos amis français : Philippe, Françoise et Matis
Les touristes voyagent à 5 par bateau assis confortablement dans un siège alors que les locaux s’entassent par dizaines dans le même type d’embarcation avec les victuailles en plus ! Nous avons partagé nos deux jours de visite du lac avec un couple français, Françoise et Philippe et leur fils de 12 ans, Matis, des voyageurs d’expérience qui ne comptent plus leurs séjours en Asie. Des gens absolument charmants qui sont rapidement devenus des amis. C’est aussi ça le voyage : de belles rencontres avec la population locale mais aussi parfois avec d’autres touristes.
On accède au lac depuis le village de Nyaungshwe relié au lac par un large canal de plus de 4 km de long. Chaque côté du canal, des habitations et des champs en culture; la terre est fertile ici grâce à tous les sédiments apportés lors de la mousson alors que les niveaux d’eau montent considérablement.

Pêcheur sortant son filet
Une fois rendus sur le lac, dans la brume matinale, le spectacle est tout simplement sublime ! Notre chauffeur ralentit et s’arrête même pour nous permettre d’observer les pêcheurs traditionnels, debout sur la plate-forme arrière de leur petite barque en bois. Le lac est peu profond, 5-6 mètres, moins par endroit. Debout, ils peuvent donc voir les poissons et lancer leur filet ou leur nase pour les attraper. C’est aussi en position verticale qu’ils font avancer leur petite embarcation avec la pagaie coincée entre une jambe et le torse. Ils pagaient avec tout leur corps, gardant leurs mains libres pour pêcher. Mouvement gracieux et calme qui se répète depuis des siècles et des siècles… On dit que l’ethnie Intha qui habite les villages sur le lac s’y sont installés parce que quand ils sont arrivés dans la région, toutes les terres autour du lac étaient déjà occupées. Par nécessité donc, ils ont développé une culture et un style de vie qui leur a permis de survivre et maintenant de bien vivre, les jardins flottants étant très florissants. On dit même qu’à un certain moment de l’année, les tomates du lac Inle fournissent tout le Myanmar !

Village sur pilotis sur le lac Inle

Les jardins flottants sont des bandes de végétation flottante qu’on découpe de la rive où celles-ci se sont entassées. On y ajoute d’autres végétaux et lorsqu’on atteint une épaisseur de 1,5 mètre, on les ancre au fond de l’eau avec des longues tiges de bambou. Les végétaux du dessus se décomposent et, éventuellement, on obtient un terreau très fertile qu’on continue ensuite d’alimenter avec des engrais naturels tels les algues recueillies au fond du lac. On y cultive des tomates,  des tonnes de tomates,  mais aussi de la laitue, des pois, des concombres, du chou-fleur, du chou, du melon etc. C’est assez fascinant de les voir se déplacer en petite pirogue entre les rangs pour y jardiner… et que dire des grandes pirogues chargées à ras bord de grands paniers de tomates filant à toute vitesse sur le lac comme s’il était très urgent de livrer le tout au marché !

PYIN U LWIN et THIPAW EN HAUTE BIRMANIE

Épicerie roulante à Thipaw
23-24 novembre 2010
Située à 1 200 m d’altitude, Pyin U Lwin, 60 000 habitants, à 70 km au nord de Mandalay, marque le début de la Haute Birmanie. La ville a été fondée par un colonel britannique. Ces derniers n’avaient pas leur pareil pour s’aménager de petits lieux bien frais pour séjourner pendant la saison chaude. C’est ainsi qu’on retrouve à Pyin U Lwin nombre d’anciennes grandes villas d’allure britannique et aussi un immense jardin botanique qui n’a rien à envier à ceux des grandes villes occidentales.
Pyin U Lwin, c’est aussi une région agricole fertile. On y cultive café, fraises, tomates, carottes, choux, roses et ananas. On y a fait d’agréables balades à vélo, ce fut une petite pause bien appréciée.
De Pyin U Lwin à Thipaw (prononcer Sipo !), nous avons fait le trajet en train. Pas de première classe pour les touristes, allez, on s’entasse avec les gens du pays et leurs marchandises diverses. Authentique à souhait ! Pendant les 6 heures qu’a duré le trajet, les  paysages ruraux superbes, les sourires et la complicité de nos compagnons birmans (nous étions les seuls touristes à bord) auront amplement compensé les sièges en bois plutôt durs pour nos petites fesses occidentales ! Évidemment, Réal s’en est donné à cœur joie avec sa caméra vidéo, pour le plus grand plaisir des petits et des grands ! À chaque arrêt, nombre de vendeurs ambulants s’engouffraient dans le train pour nous vendre toutes sortes de victuailles. Nos amis birmans prenaient soin de nous indiquer ce que nos papilles occidentales peu habituées au hot chili pouvaient ou non endurer !
Thipaw, 10 000 habitants, est une bourgade rurale paisible avec un petit cours d’eau, des maisonnettes en bois et un marché animé. Nous avons bien aimé nous balader à pied dans les alentours en observant la vie quotidienne des gens… et il faut dire qu’eux aussi nous observaient, il n’y a pas tant de touristes qui se rendent dans ce coin… très agréable, encore des photos et vidéos !

MANDALAY et les anciennes cités royales

Quelques uns des 200 000 moines de la région de Mandalay
20 au 22 novembre 2010

Située à 650 km au nord de Yangon, au centre géographique du pays, deuxième ville du Myanmar avec 1 million d’habitants, Mandalay fut la dernière capitale royale birmane. Avec 150 monastères et 200 000 moines dans la région, la «Cité d’Or» demeure la ville-symbole de la foi bouddhique. C’est la capitale religieuse et l’âme du pays. Aujourd’hui, avec la réouverture de route de la Chine, la ville connaît une relative prospérité… et les produits chinois bon marché inondent la région.
Le temple de Mahamuni abrite la plus célèbre statue de Bouddha du pays. Un des rites bouddhistes ( pour hommes seulement) consiste à coller des petites feuilles d’or d’un cm carré sur les statues de Bouddha les plus vénérées. Le Bouddha de Mahamuni a ainsi perdu ses lignes élégantes, tout boursoufflé qu’il est devenu, l’épaisseur des petits carrés collés atteignant par endroit plus de 15 cm ! Tous les matins, à 4hre, des moines lavent le visage du Bouddha et l’eau récupérée est embouteillée et considérée comme sacrée. Les femmes, considérées comme impures dans le bouddhisme birman, ne peuvent approcher ce Bouddha… par contre, les moines acceptent volontiers, tous les matins, les offrandes de riz et de nourriture qu’elles leur font !
Au-delà de la pagode Mahamuni, ce qui attire les visiteurs à Mandalay ce sont les quatre anciennes cités royales situées dans les environs. Comme on peut le constater, la junte n’a rien inventé en déplaçant la capitale… Nous avons visité les 3 plus importantes de ces cités : Amarapura, Inwa et Sagaing.
Fameux pont d'U Bein en teck, 1,2 km de long
AMARAPURA
Amarapura est célèbre pour son extraordinaire pont de teck en U de 1,2 km de long, le pont d’U Bein, bâti en 1849. Sublime et envoûtante, la balade sur l’eau en pirogue au coucher de soleil au pied du pont d’U Bein ! On dirait que toute la vie birmane prend plaisir à y défiler paisiblement en regardant le soleil rouge se coucher à l’horizon : moines qui déambulent sereinement, enfants qui gambadent, femmes avec ombrelles, paysans à vélo et pêcheurs attentifs.
Autre visite classique : le monastère Mahagandhayon qui est en fait une école pour les enfants défavorisés qui n’ont pas les moyens d’étudier. Les élèves, pris en charge par les moines, doivent respecter les 10 commandements de la vie monastique : avoir un grand cœur, suivre le code de discipline monastique, être en bonne santé, être propre, savoir s’habiller, être intelligent dans son comportement, marcher sereinement, parler de manière sensée, obéir aux règles et être assidu au travail. À l’heure du repas (10h15), l’attraction consiste à observer l’interminable filée de moines, petits et grands, qui viennent, en silence, chercher leur bol de riz et autres denrées. Ils s’installent au réfectoire, mangent un peu et gardent le reste pour plus tard. Il faut dire qu’entre 11h30 et minuit, les moines ne mangent aucun aliment cuit, ils peuvent seulement boire de l’eau et des jus de fruit.
En route pour Amarapura, nous avons pu aussi observer différents ateliers de métiers  traditionnels : les sculpteurs sur pierre de statues de Bouddha, les tisserands de la soie et les fabriques de feuilles d’or. Presqu’incroyable qu’en ce 21e siècle, ces métiers subsistent encore, surtout avec la Chine à quelques km qui inonde les marchés mondiaux de ses produits manufacturés à grande échelle !

Stupa et rizière à Inwa
     INWA
Il reste peu de choses de cette capitale qui régna pendant 400 ans, du 14e au 18e siècle, et pour cause… lorsque le roi décida de déménager sa capitale, il fit démolir son palais et tout le bois de teck fut récupéré pour bâtir le pont d’U Bein reliant ainsi les deux villages durant la période de la mousson. Certains auraient voulu utiliser le bois pour bâtir un monastère mais le roi s’y opposant prétextant que le bois ayant servi aux hommes ne pouvait servir à des moines.
L’attrait d’Inwa réside dans le fait qu’il faut prendre un petit traversier à pied pour s’y rendre et qu’une fois débarqué, une charrette à bœuf digne du Moyen-âge vous attend et le charretier vous offre de vous faire faire le tour de la bourgade pour 5$ pendant 3 heures ! Authentique et sympathique à souhait ! Évidemment, il y aura bien quelques haltes pour visiter des monastères, stupas et ateliers d’artisan mais le plaisir ultime réside dans le fait de se balader tranquillement et d’observer la vie rurale à partir d’une charrette à roues en bois tirée par un petit cheval !!!

Les nonnes bouddhistes défilent aussi dans les rues pour recueillir leur pitance

SAGAING
Construite en 1315 après la chute de Bagan, Sagaing, toute en collines, offre un panorama exceptionnel avec ses quelques 500 pagodes et monastères. Normal, Bouddha en personne est venu sur ces collines !
Après une dizaine de jours au Myanmar et après avoir vu tous ces temples, stupas et pagodes et surtout observé la ferveur et la dévotion de tous les birmans, jeunes et moins jeunes, on ne peut que conclure que le bouddhisme est encore bien vivant au Myanmar et omniprésent dans la vie quotidienne ! On rapporte que les birmans consacrent de 10 à 20% de leurs revenus (déjà maigres !) à l’entretien des pagodes et des moines. Certains disent même que la philosophie bouddhiste, plus fataliste qu’active, et qui prône le dénuement matériel génère une passivité indolente et souriante chez le peuple, ce qui arrange au plus haut point la junte militaire ! Par contre, les moines quittent de plus en plus leurs monastères pour se mêler du temporel, comme en témoigne en 2007 la révolte des bonzes :
«En août 2007, le gouvernement annonce une augmentation brutale du prix de certaines denrées alimentaires de base et, surtout des carburants : + 66% pour l’essence, +100% pour le diesel et +500% pour le gaz ! À genoux, la population n’a d’autre choix que de descendre dans la rue pour manifester sa colère. La réponse ne se fait pas attendre : répression et arrestation de dizaines d’opposants. En septembre, ce sont des moines qui font les frais de la répression en écopant des coups de bâton des militaires. Les bonzes pratiquent la politique du bol renversé en refusant les offrandes des policiers et des militaires, un véritable affront. De plus, ils exigent des excuses du gouvernement mais celles-ci ne viennent pas et ils recommencent à défiler dans les rues de Yangon. Le mouvement prend de l’ampleur et une semaine plus tard, rejoint par des religieuses bouddhistes, des étudiants  et une partie de la population, ils sont 100 000, peut-être plus, à manifester dans l’ancienne capitale ! C’en est trop pour la junte qui, le 27 septembre, passe à l’offensive, causant en quelques jours la mort de 31 manifestants (plus selon les sources étrangères) et procédant à des milliers d’arrestations. La «révolution pourpre» (de la couleur des robes des moines) aura tourné court et mis un terme aux fantasmes occidentaux qui voyaient là une démocratisation possible à moindres frais…»
Début 2008, il y a encore de l’agitation politique mais il y aura pire : la catastrophe de l’année, le dévastateur cyclone Nargis frappe en mai : des vents de 240 km/hre accompagnant une vague de 3,5 m de hauteur ravage la région de Yangon et le delta de l’Irrawaddy, le grenier à riz du pays. Finalement le bilan estimé serait de 140 000 morts et disparus, 800 000 personnes déplacées et plus de 2 millions sans abri. L’aide internationale se mobilise mais les généraux freinent les quatre fers craignant une invasion «humanitaire» qui mènerait au renversement de leur régime. La junte accepte au compte-goutte l’aide internationale en se graissant la patte au passage et refuse aux étrangers l’accès au pays. Finalement, dépassée par l’ampleur de la catastrophe, la junte accepte que les ONG se rendent sur place mais seulement 3 semaines après le drame…
Fin de ce triste «aparté» et retour à des récits plus joyeux !

BAGAN

16 au 19 novembre 2010
Plus de 4000 temples et stupas dans la plainede Bagan
Le cœur du Myanmar, sa plaine centrale, témoigne des dynasties glorieuses du passé birman.  La plus célèbre fut sans aucun doute celle de Bagan qui débute en l’an 1044 avec le couronnement du  roi Anawrahta qui a, par la suite, unifié le pays et s’est converti au bouddhisme. Sa dynastie a régné pendant 200 ans; ce fut l’âge d’or de Bagan, le site s’étendant sur 50 km2 et regroupant plus de 12 000 temples et stupas. La vue d’ensemble de cette plaine où, au coucher du soleil, des milliers de stupas brillent de tous leurs feux, est tout à fait spectaculaire. On le compare à Angkor au Cambodge… ce n’est pas peu dire sachant qu’on dit d’Angkor que c’est le 8e merveille du monde… ! On vous en reparlera, nous y serons sous peu.  Même si le temps a effacé nombre de ces lieux sacrés, il en reste quand même 4 000 stupas et temples sur le site, plus qu’il n’en faut pour imaginer la grandeur du lieu à l’époque et savourer sa splendeur actuelle.
La meilleure façon de découvrir Bagan est le vélo; les distances sont courtes entre chaque stupa et le vélo nous offre la liberté de nous arrêter ici et là au gré de nos impulsions et de faire, à chaque fois, une nouvelle découverte. Ils sont tous différentes ces stupas et temples, certains immenses, d’autres minuscules mais tous ont leur charme, leur caractère propre.
Mais Bagan, ce n’est pas seulement une collection de stupas, c’est aussi une région qui compte 50 000 habitants. Il n’est pas rare de voir un stupa érigé en plein milieu d’un champ de maïs ou un berger qui fait paître ses chèvres dans les alentours; cela ne fait qu’ajouter à la quiétude et à la beauté du lieu, voire à son caractère sacré.
Bagan, ce fut aussi l’occasion de rencontrer et discuter avec les gens du pays. Nous avons été surpris à quel point certains parlaient ouvertement contre le régime militaire en place. Il faut dire qu’Augn San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1991 et chef de l’opposition birmane, venait tout juste d’être libérée après près de 20 ans d’emprisonnement et de résidence surveillée, l’atmosphère en était une de réjouissance et d’optimisme. De plus, après plusieurs mauvaises années, le tourisme était à la hausse, autre raison de se réjouir. Malheureusement, peu de gens, à part ceux qui travaillent dans l’industrie touristique, parlent, ne serait-ce qu’un peu, l’anglais. Il a fallu à plusieurs reprises durant notre séjour au Myanmar recourir aux gestes et aux sourires pour communiquer. Malgré cette barrière linguistique, les gens sont curieux et accueillants à notre égard; ils adorent se faire prendre en photo, au plus grand plaisir du photographe Réal !
Nous sommes restés 4 jours à Bagan, nous aurions pu y rester une semaine, il y avait tant à voir mais le reste du Myanmar nous appelle et notre visa n’est que de 4 semaines, il faut avancer alors nous avons dit Adieu à Bagan en nous disant qu’Angkor prendrait la relève bientôt mais en sachant que Bagan garderait une place bien spéciale dans nos cœurs de voyageurs.

Yangon (Rangoon) et son fameux temple «Swedagon Pagoda»

La pagode Shwedagon à Yangon
13 au 15 novembre 2010
«L’art sous toutes se formes était lié à la cour et au bouddhisme. L’énergie créatrice des rois et du peuple birman s’est donc concentrée sur la construction de pagodes, de bouddhas et de temples.»
Yangoon a été dépossédée de son titre de capitale en 2005 par la junte militaire qui craignait son trop grand nombre d’étudiants contestataires, son accès trop facile et des bâtiments désuets. Une nouvelle capitale, Naypyidaw, a été construite à 300 km au nord de Yangon au milieu de nulle part… des édifices de béton sans âme et fortement gardés occupés par des fonctionnaires obligés de vivre loin de leurs familles.
Il reste peu du passé colonial britannique de Yangon, si ce n’est quelques édifices en décrépitude. Quelques grands hôtels se sont installés mais Yangon est loin de la modernité des autres grandes capitales sud-asiatiques telles Bangkok, Kuala Lumpur etc. Elle compte bien quelques grandes avenues et espaces verts mais surtout des trottoirs défoncés qui accueillent une ribambelle de petites cuisines ambulantes où on mange pour deux fois rien.
Le grand attrait de Yangon, c’est sa somptueuse pagode «Shwedagon», symbole incontesté du Myanmar et point de ralliement de tout le peuple birman.
«Les superlatifs se bousculent pour évoquer cette pagode qui les mérite tous : la plus belle du monde, la plus impressionnante, la plus grandiose, la plus… Sacrée. Depuis 2500 ans, ce site est au cœur du bouddhisme birman, au cœur de la vie religieuse, sociale et politique du pays. En émane une atmosphère unique et envoûtante, où recueillement et dévotions se mêlent à un esprit bon enfant. Seuls ou en groupe, les fidèles en prières immobiles ou vagabondes se pressent par centaines, voire milliers, dans ce vaste complexe qui abrite plus de 80 bâtiments.»
Le grand «stupa» centrale, recouvert de plus de 700 kg d’or et d’un globe serti de plus de 6 000 pierres précieuses, s’élève à 100 m dans le ciel. Tout autour, des dizaines de pagodes, plus petits stupas et temples de toutes formes abritent des milliers de statues de Bouddha et attirent les fidèles de tout le pays. Le tout crée un ensemble à la fois chaotique et magique.
Précisons que le terme «stupa» réfère à une structure pleine en forme de cloche qui contient généralement des reliques de Bouddha alors que «pagode» ou «temple» réfèrent à des lieux de prières, d’offrandes et de méditation.
Selon la légende, il y a plus de 2 500 ans, deux marchands birmans auraient offert des gâteaux de miel à Bouddha tout juste sorti d’une période de jeûne et de méditation. En remerciement, il leur offrit huit cheveux qu’ils remirent à leur roi. Ce dernier fit aussitôt élever sur une colline un stûpa pour les conserver; c’est ainsi que Shwedagon est né.
Les birmans y pratiquent de multiples rites… Ils prient notamment devant de petits oratoires représentant chacun jours de la semaine. Selon le jour de votre naissance, vous devez venir verser sur la petite statue de Bouddha qui y est érigée autant de verres d’eau que votre âge plus un. Ils font aussi de multiples offrandes aux différentes statues de Bouddha… la plupart du temps, des fleurs, de la nourriture (noix de coco, bananes, fruits) mais aussi des cigarettes, des boissons gazeuses et, bien sûr, de l’argent.
Shwedagon, la plus grandiose pagode du Myanmar, oui, c’est vrai !

MINGALABA ! Bonjour du Myanmar !

Visages du Myanmar... femmes et enfants s'enduisent la figure d'une crème faite à partir de la sève d'un arbre... pour se protéger du soleil mais aussi décoratif... joli n'est-ce pas ?
Le Myanmar quelques infos intéressantes…
-          Entouré par l’Inde, le Bangladesh, la Chine, le Laos et la Thaïlande dont il est séparé par des barrières naturelles montagneuses couvertes de jungle, le Myanmar est un étonnant mélange de toutes ces civilisations en plus de posséder une culture propre; tout simplement fascinant !
-          Regime politique : dictature militaire depuis 1962
-          Dilemme : compte tenu du régime politique qui bafoue allègrement les droits de l’homme, chaque voyageur se pose la question, faut-il  y aller ou  non ? Augn San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1991 et chef de l’opposition birmane, avait appelé au boycott du pays en 1996 mais a nuancé sa position depuis en déclarant que la présence des touristes pouvait permettre de continuer à pointer le régime oppressif. Nous avons donc choisi d’y aller en dépensant notre argent auprès des gens du peuple (taxis, guest house, petits restos et commerces) et non auprès des organismes gouvernementaux (hôtels et restos chics, agences de voyages etc.).
-          L’«Union du Myanmar», est le nom choisi par la junte militaire pour couper officiellement les liens avec le passé colonial, Birmanie (Burma) étant d’origine anglaise; l’ethnie très fortement majoritaire, les Bamar (ou Burman), descendants des Mongols,   représentent toutefois 70% de la population du Myanmar
-          Devise : «Le bonheur se trouve dans une vie harmonieuse disciplinée»
-          Religion : Bouddhiste Theravada pour plus de 85% de la population; comme au Népal toutefois, on ajoute à  la sauce le panthéon des dieux hindous et aussi des «nats» (esprits bons et mauvais). Le tout est complémentaire : le bouddhisme s’occupe de la vie spirituelle et de la réincarnation dans une vie meilleure alors que Shiva, Brahma, Vishnu et les nats s’occupent de la vie matérielle et quotidienne (gagner la loterie, guérir un bobo, protéger des accidents etc.)
-          Le Myanmar compte 51 millions d’habitants dont 4 millions vivent à Yangon (Rangoon), l’ancienne capitale
-          En superficie, de la taille de la France et de la Grèce réunis et s’étend sur 2 000 km de long
-          L’Irrawaddy, un fleuve de 2 710 km de long prend sa source dans les montagnes de l’Himalaya en Inde et traverse entièrement le pays du nord au sud. Navigable sur plus de 1 600 km, c’est une voie de communication de premier plan; le système d’irrigation mis au point par les Britanniques avait permis à la Birmanie de devenir le premier pays exportateur de riz au monde avant la Seconde Guerre mondiale
-          Index de développement humain selon le classement des Nations Unies : 132e sur 171
-          Moins d’un tiers des enfants terminent leur scolarité
-          Le budget de la Défense est 8 fois supérieur à celui de l’Éducation et de la Santé
-          Le Myanmar détient 90% de la réserve mondiale de teck. Ce bois précieux est toutefois surexploité et seul le gouvernement en tire profit. Les individus n’ont ni le droit de planter ni de couper un arbre de teck,  même pas sur leur propre terrain !
-          90% des Birmans vivent avec moins de $1 / jr
-          Salaire d’un fonctionnaire : 50 $ / mois
-          Le pays n’est pas ouvert complètement au tourisme; il faut obtenir des permis pour certaines zones et les transports terrestres sont parfois défendus; il faut voler.  Les principales zones et attractions touristiques sont toutefois  bien desservies par des vols intérieurs à coût modique.